Visite au onsen d'Odaiba, spa japonais de sources chaudes

Retour d’expérience : Onsen d’Odaiba, un spa japonais de sources chaudes

Storytelling Spa / 03.07.2018

Au Japon, le spa est plus qu’un loisir : c’est un art de vivre.
L’archipel volcanique compte d’innombrables sources chaudes naturelles (onsens). Les Nippons ont l’habitude de s’y détendre en famille ou entre amies.
L’un des plus connus est celui d’Obaida, à 1h de Tokyo. J’ai eu la chance d’y passer une après-midi.
Spa managers, praticiennes, amateurs de centres de bien-être… découvrez une autre façon de vivre le spa.

onsen d'Odaiba : spa japonais de sources chaudes

Le Spa à la japonaise, c’est quoi ?

Les onsens sont des établissements de bien-être bâtis sur des sources chaudes naturelles. Des bassins de différentes températures sont à la disposition des clients, en intérieur ou extérieur. Particularité des spas japonais : on s’y baigne nu. Il y a donc un espace réservé aux hommes et un espace réservé aux femmes. Aller au onsen fait partie de la culture nipponne. On s’y rend minimum 1 fois par semaine pour se ressourcer, se reposer, mais aussi se purifier, comme le veut la tradition. Le Onsen d’Odaiba est un parc thermal très fréquenté, où la modernité de la société japonaise se fait sentir.

Arrivée au onsen d’Odaiba

Après une heure de route au départ de Tokyo, nous arrivons au pied d’un grand bâtiment sans charme. Impossible d’imaginer ce que je vais trouver derrière…
Première étape : comme partout au Japon, se déchausser, ranger ses chaussures dans les casiers dédiés et… faire la queue en attendant l’ouverture des portes. À 11h, nous pouvons enfin rentrer. Je reçois un bracelet électronique sur lequel seront chargées toutes les dépenses de la journée. Je choisis mon yukata (peignoir en forme de kimono) de la journée et le obi (ceinture) associé. 5 couleurs et motifs me sont proposés : quel choix !

Puis, départ pour les vestiaires pour se changer. Les casiers sont ornés d’une magnifique Vague d’Hokusai. Nous gardons juste nos sous-vêtements et un kimono. Vous peinez à faire le nœud de votre obi ? Demandez de l’aide à votre voisine. Un petit « sumimasen » (excusez-moi) et vous serez tout de suite comprise. Nous voilà pieds nus et juste équipées de nos téléphones portables. Nous les glissons discrètement dans la manche du kimono, spécialement cousue à cette fin (les Japonais pensent décidément à tout).

onsen d'Odaiba : spa japonais de sources chaudes

Immersion dans le village traditionnel d’Edo

Je rejoins ensuite ce que je pense être le onsen.

J’entre, en fait, dans une immense salle au décorum tout japonais (temples, personnages de Manga en statues cartons grandeur nature, espaces où l’on mange à même le sol, stands de nourriture asiatiques, jeux pour les enfants). Un esprit de fête foraine flotte dans cette reconstitution du village d’Edo, quartier populaire traditionnel du vieux Tokyo. Particularité : pas de signe distinctif, nous sommes tous en kimonos.

 

Cette gigantesque salle distribue 3 lieux stratégiques :

  • le onsen lui-même
  • le bassin-promenade pour les pieds
  • la partie soins visages et soins corps (massages, massages de la lymphe, réflexologie…)

 

J’ai déjà testé cette semaine la réflexologie plantaire : une expérience douloureuse, mais j’ai appris que même les Japonais ont mal.
Cela signifie parait-il que quelque chose ne va pas dans notre ki, l’énergie vitale qui circule en nous.
C’est d’ailleurs pour cela que la réflexologie est utile ! J’ai également testé le soin visage et je re-teste la semaine prochaine, donc pas pour l’instant. Je réserve donc un massage d’1 heure et 10 min de massage lymphatique des pieds pour 15h. J’ai hâte. Mon voyage au pays du spa version Odaiba commence ici.

 

onsen d'Odaiba : spa japonais de sources chaudes

Étape 1) le Onsen, entre détente et discussions conviviales

Après un détour aux jeux pour enfants (obligatoire pour mon hôte qui a une petite fille de 7 ans), passage au onsen. Celui-ci est très ritualisé :

  1. on se dévêt complètement (c‘est pour cette raison, je pense, qu’on voit peu d’occidentaux dans les onsens, cet aspect culturel est encore très fort)
  2. douche rapide obligatoire
  3. passage d’un bassin à l’autre, à différentes températures, au gré de ses envies.

 

Un bassin central d’eau froide permet de se rafraîchir de temps en temps, car les eaux sont globalement chaudes, voire très chaudes. À l’extérieur, les bassins creusés dans le sol aux formes irrégulières -à l’intérieur, tout est carré ou rectangulaire- et la végétation haute donnent l’impression de se retrouver dans un jardin tropical.

 

Certaines Japonaises se relaxent allongées dans l’eau les yeux fermés, d’autres jouent avec les enfants, certaines discutent entre copines sur un banc au milieu des bassins. On sent vraiment que le rituel du onsen fait partie du quotidien des Japonais. L’eau est un élément délassant, mais aussi perçu comme purifiant et thérapeutique chez une population amenée à vivre de plus en plus âgée. Il y a peu d’installations, juste :

  • 2 bains jacuzzis avec « grosses » ou « petites » bulles.
  • 1 sauna au sel d’Himalaya
  • quelques tables de gommage côte à côte, isolées par un simple rideau où des praticiennes s’activent sur des clientes ayant choisi cette prestation.

Nous en profitons 2 bonnes heures.

Avant le retour aux vestiaires, douches obligatoires dans des petites alcôves partiellement individualisées. Shampoing, après-shampoing et savon pour le corps de marque sont mis à disposition en grands formats : une évidence au Japon. Puis, nous retournons nous rhabiller dans un joyeux remue-ménage, où chacune s’active pour remettre son kimono avant de continuer sa journée. Bien entendu, aucune japonaise ne sortirait du vestiaire sans avoir pris soin de sa peau et de sa remise en beauté. Des petites coiffeuses individualisées identiques à ce qu’on trouverait chez nous dans des spas d’hôtels 5* ou Palace les attendent donc avec :

  • lotion tonique
  • crème hydratante
  • lait corps
  • cotons-tiges…

Dans un stérilisateur, des brosses à cheveux en plastique sont bien rangées. Libres à chacun de se servir, puis de la placer dans un bac de recyclage pour restérilisation et réutilisation.

Par rapport à la France, on est sur une approche très « démocratique » du spa : les services en vestiaire qui, pour nous, relèvent du haut de gamme voire du luxe, sont ici accessibles. Cela peut illustrer l’incompréhension des Japonais à leur venue en France dans nos établissements et leurs attentes en termes de service.

Étape 2 ) Le bain de pieds sur des cailloux… pas si doux

Nous passons sans transition de cette ambiance relaxante à l’ambiance très animée des restaurants d’Odaiba – toujours en kimono !-.
Après avoir déjeuné en regardant un spectacle de diabolo et de jonglage – au Japon, le côté suranné challenge parfois le tout technologique J-, nous profitons du bain de pieds.
Là encore, un grand jardin extérieur nous attend. Au centre, a été creusée une travée de 30 cm de profondeur et 1m50 de large environ pour 200 m de long en courbes.

Nous y mettons nos pieds dans l’eau. Comme tous les Japonais, nous suivons ce véritable « chemin de croix » : en effet, sous nos pieds alternent galets grossiers, agréables, et petits galets saillants bien douloureux et bien espacés pour vraiment créer du relief. Tout le monde a mal et le dit en riant… mais tout le monde avance jusqu’au bout… Surprenant ! Mais finalement, assez cohérent avec ce que j’ai expérimenté sur la réflexologie plantaire. On accepte donc assez bien la douleur dès lors qu’elle permet d’atteindre un état physique – et donc mental puisque les 2 sont intimement liés – meilleur… C’est un enseignement important pour bien comprendre l’état d’esprit des Japonaises à qui les marques françaises ambitionnent de vendre du soin. Ensuite, pour ceux que ça tente, séance de fish spa collective. Encore une fois assis serrés autour d’un bassin rempli de « mangeurs de peaux » – les garra rufa-, les Japonais s’amusent de leurs sensations tout en persistant jusqu’à la fin de la séance…. Là aussi, ambiance jardin tropical pour ce « bain de pieds » géant – si je peux l’appeler ainsi-, systématiquement associé au spa au Japon.

 

J’avoue que pour ma part, je suis rapidement sortie du chemin, pas encore prête à endurer cela, encore trop attachée à l’image douillette du spa… – Et là, je me remémore cette couette fabuleuse dans laquelle je me suis glissée lors de mon dernier massage dans un spa en France, au Ritz Club Paris. Non, vraiment, je ne suis pas prête à devenir japonaise ! – Mais surtout, je me dis que dans notre prise en charge de spa et dans la vision du soin que nous avons, nous offrons une dimension cocooning et individualisée « à la française » (cf. mon expérience massage ci-dessous) qui peut être une belle expérience à découvrir pour cette population habituée au spa, mais pas à ce type de prise en charge.

onsen d'Odaiba : spa japonais de sources chaudes


Étape 3) Surprenant massage japonais

Je me présente à l’entrée de la partie « Soins », identique à ce qu’on trouve chez nous, quelques minutes avant 15h.
À l’heure prévue, je suis prise en charge par une praticienne qui me fait entrer dans une immense salle avec une trentaine de lits bas type lits de camp (je vous rassure, ce sont finalement de vraies tables de massage) où d’autres personnes se font déjà masser. Les masseurs hommes pour les clients hommes, les masseuses femmes pour les clientes femmes.
L’espace d’un instant, je me revois à l’arrivée du Marathon du Mont-Blanc il y a quelques années, sur le point de rentrer dans la tente dans laquelle les kinésithérapeutes enchaînent les massages de récupération sur les jambes des coureurs tout juste arrivés… Et je n’exagère pas ! La musique relaxante est couverte par le bruit des animations (un mélange de zumba-claquettes drivé par un japonais déchaîné.). Ambiance…

 

onsen d'Odaiba : spa japonais de sources chaudes

La praticienne me fait asseoir, m’aide à enlever le yukata. Je garde les sous-vêtements. L’expérience est a priori surprenante, compte tenu du contexte de prise en charge. Heureusement, la qualité de la pression – trop forte, même pour la plupart des Occidentaux- et notamment la précision des gestes sur les groupes musculaires travaillés font oublier tout le reste. En tant que Française, j’ai davantage l’impression d’être chez l’ostéopathe – en un peu plus « lié »- qu’au spa, en termes de ressenti d’expérience, mais le résultat est là. Le massage lymphatique des pieds est rythmé et enlevé. J’ai l’impression que ce massage n’en finit jamais, à mon grand bonheur. Et bien sûr, je n’entends plus le japonais « zumbeur-danseur de claquettes », qui, pourtant, s’est époumoné pendant une heure. Le réveil est difficile, surtout avec la prise en charge « client » à la japonaise telle qu’on la connaît, dans l’empathie et le sourire.

La fin d’un beau voyage au pays du spa

Mon voyage à Odaiba se termine ainsi : voyage au cœur de la culture nippone, de sa tradition du spa et de son omniprésence au cœur de la vie des Japonais. Intéressant de mieux comprendre cette approche du bien-être qui ne passe pas par une prise en charge individualisée et cocooning comme en France et qui peut donner des idées, de part et d’autre de chacune de ces cultures « spa ».

Article rédigé par Florence Kowalski

Pour aller plus loin, contactez Florence Kowalski

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